Politique de paix féministe
Les politiques de paix féministes s'engagent pour la justice et l'égalité de tous les êtres humains, indépendamment de leur origine, de leur sexe (biologique et social), de leur orientation sexuelle, de leur statut social, de leurs convictions politiques ou religieuses. L'égalité d'accès à l'éducation, au droit, à la politique, aux ressources et aux revenus est au cœur de cette démarche.
La politique de paix décrit les efforts pour atteindre l'état social idéal de paix. Elle comprend les mouvements pacifistes ainsi que les initiatives politiques, civiles, privées et internationales en faveur du désarmement, de la démilitarisation, de la non-violence et de la résolution des conflits. La politique de paix féministe met en outre au jour tous les obstacles (structurels) à la réalisation de la paix féministe afin de les éliminer. Elle adopte une approche basée sur les droits de l'homme et développe des solutions pour éliminer la pauvreté, les conflits et les injustices mondiales. Elle s'efforce de concevoir les processus de politique intérieure et extérieure ainsi que la politique de développement internationale de manière résolument pacifique et féministe.

Pour ce faire, la politique de paix féministe analyse les structures de pouvoir et les liens entre la pauvreté, les conflits et les intérêts économiques et géopolitiques. Elle met en évidence les injustices globales, la répartition inégale des ressources et leurs causes structurelles. Elle désigne les responsabilités. Elle montre comment les structures de pouvoir et les inégalités se répercutent sur la vie quotidienne des gens.
Que fait Frieda
Frieda part d'une définition large et féministe de la paix. Celle-ci englobe plus que l'absence de violence directe exercée par un·e ou plusieurs acteur·ices, par exemple la violence domestique, le viol, les conflits armés, les menaces. La paix positive signifie en outre l'absence de violence structurelle et culturelle ; structurelle est la violence qui est reproduite par les structures sociales, politiques et économiques, qui est donc « intégrée dans le système ». Il peut s'agir par exemple de l'oppression de certains groupes sociaux par des systèmes tels que le colonialisme et le capitalisme. La violence culturelle sont des aspects dans une société qui légitiment la violence directe et structurelle, par exemple l'homophobie, le racisme ou le militarisme. Pour Frieda, la paix positive ou féministe signifie en particulier l'absence de violence de genre et de discrimination (multiple) liée au genre. Dans ce contexte, le genre doit être compris comme une catégorie principalement construite socialement.
Frieda travaille à un niveau individuel et à un niveau structurel-social. Le travail à différents niveaux vise à changer les conditions générales et à contribuer à une paix positive et globale. En savoir plus sur la méthode de travail de Frieda.
Thèmes et priorités
Frieda accompagne et observe la mise en œuvre des instruments étatiques au sein de réseaux avec d'autres acteur·rices de la société civile : par exemple dans le réseau de la Convention d'Istanbul, dans le groupe d'accompagnement de la société civile du PAN1325, dans la Plateforme Agenda 2030 (ODD 5 Égalité des sexes et ODD 16 Paix, justice et institutions fortes) et en tant que membre de la Coordination ONG Postbejing. Une partie essentielle de ce travail consiste à mettre en évidence les lacunes existantes et à élaborer des mesures possibles :
La Suisse a ratifié la Convention d'Istanbul, la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, et l'a mise en vigueur le 1er avril 2018. Frieda, avec plus de 70 ONG et services spécialisés, demande, en tant que réseau de la Convention d'Istanbul, une mise en œuvre cohérente, non discriminatoire et inclusive de cette convention internationale. En 2021, GREVIO, l'organe de surveillance (Group of Experts on Action against Violence against Women and Domestic Violence) a publié le premier rapport alternatif de la société civile sur la mise en œuvre de la Convention d'Istanbul en Suisse. Le rapport du GREVIO, tout comme celui du réseau IK, déplore que la Suisse ne remplisse pas de nombreuses exigences de la convention. Ainsi, la mise en œuvre non discriminatoire n'est pas garantie et les ressources financières et humaines font défaut.
La Convention de l'ONU sur les droits des femmes CEDAW (Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes) a été ratifiée par la Suisse en 1997. Dans un cycle de quatre ans, les Etats rendent compte au Comité CEDAW de l'état de la mise en œuvre de la Convention dans leur pays. La Suisse se trouve maintenant dans le cycle du 6ème rapport étatique, qui a été remis fin novembre 2020. La Coordination post Beijing des ONG suisses, un réseau de la société civile composé de 50 organisations, dont Frieda, observe de manière critique la mise en œuvre de la CEDEF en Suisse et rédige à chaque fois un rapport alternatif au rapport étatique suisse. Là aussi, les lacunes des mesures suisses en faveur de l'égalité des sexes sont mentionnées et des recommandations correspondantes sont formulées. Par exemple, la protection insuffisante contre la violence de genre.
La Plateforme Agenda 2030 est un réseau de plus de 50 associations, fédérations, ONG et syndicats en Suisse, dont Frieda fait partie. La plateforme Agenda 2030 s'engage pour que la Suisse mette en œuvre l'Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement durable (ODD). Frieda a participé à l'évaluation des ODD 5 (égalité des sexes) et 16 (paix, justice et institutions fortes) dans le cadre du rapport alternatif. Ces deux objectifs de développement sont importants pour tous les axes de travail de Frieda ; aussi bien dans la coopération internationale que dans le cadre de l'engagement en Suisse. Les lacunes en Suisse concernant la réalisation des ODD 5 et 16 se situent entre autres dans le domaine de la participation économique et de la participation sociale et politique.
La Résolution 1325 des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité est interprétée par la Suisse avant tout comme un instrument de politique étrangère et selon une conception étroite et militarisée de la paix. En collaboration avec le KOFF et Peacewomen across the globe PWAG, Frieda mène un projet d'accompagnement de la société civile pour la mise en œuvre de l'actuel plan d'action national PAN. Il s'agit de rassembler les voix et les expériences de la société civile et de rédiger des recommandations pour le prochain PAN. Le projet d'accompagnement tente de faire de la résolution de l'ONU un instrument de paix positive et d'attirer l'attention sur la dimension de politique intérieure.
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