Suisse
En Suisse, Frieda met en œuvre des projets de participation avec des femmes migrantes et des activistes, coordonne la campagne de prévention «16 jours contre la violence basée sur le genre», s’engage dans des réseaux de la société civile et prend position sur des questions de politique de paix et de migration.
La Suisse compte près de 9 millions d’habitant·es. Environ 40% de la population a vécu une expérience de migration. Environ un quart de la population résidente suisse n’a pas le droit de vote et d’éligibilité parce qu’ils n’ont pas de passeport rouge.
Migration
Au cours des dernières années, il est apparu clairement que tous les réfugié·es n’étaient pas accueillis dans les mêmes conditions de rapidité, de bienveillance et même de volonté d’intégration. Cette inégalité de traitement met en évidence les structures racistes existantes et les schémas de pensée coloniaux, notamment dans la politique migratoire. Elle renforce les discriminations politiques et sociales à l’encontre des personnes considérées comme moins dignes de protection en raison de stigmatisations racistes. Au cours des 50 dernières années, la politique migratoire a suscité de plus en plus d’images qui ont placé certains groupes de la société dans la catégorie des «étrangers».
Égalité
D’après le Global Gender Gap Index 2023, la Suisse n’occupe que le 21e rang. Jusqu’en 1971, les femmes suisses étaient exclues de la participation politique. En 1981, l’égalité de genre a été inscrite dans la Constitution fédérale, mais n’était pas pleinement mise en œuvre. Même à qualifications égales, les femmes gagnent moins que les hommes, accomplissent la majeure partie du travail d’aide non rémunéré et les professions féminisées sont dévalorisées et mal rémunérées. Les structures d’accueil de la petite enfance restent insuffisantes et sont surtout des obstacles qui empêchent les femmes d’évoluer professionnellement ou les contraint à déléguer la garde des enfants et les tâches ménagères à d’autres femmes en situation précaire. En particulier lorsqu’elles élèvent seules leurs enfants, sont issues de l’immigration et lorsqu’elles sont âgées, les femmes présentent un risque de pauvreté nettement plus élevé que les hommes. L’écart moyen de pension (Gender Pension Gap) est de 37%. Malgré certaines améliorations, les femmes sont toujours sous-représentées dans les organes de décision politiques et économiques. En Suisse, les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à un schéma binaire sont exposées à des discriminations. En l’absence d’une troisième mention de genre, elles restent invisibles et trop peu soutenues.
Violence de genre
La violence de genre et la violence faite aux femmes font partie du quotidien en Suisse. En moyenne, une femme est tuée toutes les deux semaines, le plus souvent par son partenaire ou son ex-partenaire parce qu’elle est une femme. Au moins une femme sur deux a déjà subi une forme de violence sexualisée. La violence domestique en particulier est encore largement considérée comme une affaire privée dans la société. Elle n’est considérée juridiquement comme un délit officiel que depuis 2004. Les stéréotypes sur les rôles et les structures de pouvoir patriarcales, qui règnent encore en Suisse, constituent le terreau de la violence de genre. La violence de genre et la protection insuffisante et inégale contre cette violence indiquent généralement un chevauchement de différentes structures de pouvoir: Jusqu’à récemment, les femmes qui n’avaient pas la nationalité suisse risquaient de perdre leur droit de séjour en cas de séparation. Cela explique qu’elles soient enfermées dans des relations violentes. Sur ce point, la protection juridique a connu quelques améliorations avec l’adoption de l’article 50 de l’AIG (Loi sur les étrangers et l’intégration). Désormais, la loi énumère des indices de violence domestique à titre d’exemple.
La Suisse a ratifié la Convention d’Istanbul en 2017. Cependant, la mise en œuvre ne progresse que lentement. Il manque aussi et surtout un soutien pour les personnes particulièrement vulnérables touchées par la violence. Avec la révision du droit pénal en matière sexuelle en 2023 incluant la solution du «non veut dire non», une étape importante vers un droit pénal en matière sexuelle basé sur le consensus et une réussite de la société civile a été franchie. La loi révisée est applicable depuis le 1er juillet 2024.
Avec les «16 jours contre la violence basée sur le genre», Frieda coordonne la plus grande campagne de prévention en Suisse. Celle-ci a également été étendue à la Suisse romande et au Tessin en 2023.

Politique de paix
Ces deux dernières années, nous avons observé une forte militarisation de la conception de sécurité. On laisse ici entendre que l’armement rend notre vie plus sûre. On occulte, toutefois, le fait que, pour une grande partie de la population, la violence de genre et raciste, la précarité économique ou les conséquences de l’austérité néolibérale et de la catastrophe climatique, par exemple, sont source d’insécurité. Dans le même temps, l’espace pour l’engagement de la société civile et les voix de la politique de paix se rétrécit en raison de la criminalisation des mouvements sociaux de gauche.
